Avant la rentrée, 10 films pour prolonger l’été

22 août 2025

Encore une dizaine de jours. Pas plus. Une dizaine de jours avant la rentrée, avant que la machine ne se remette à tourner. Une dizaine de jours pour traîner encore un peu, jouir de la lumière qui s’attarde, s’oublier, les cheveux au vent et la peau salée. Un moment de sursis, volé à septembre, offert comme un contretemps.  Quoi de mieux que le cinéma pour prolonger cette parenthèse ? Retrouvez dix films sélectionnés par la rédaction de Divagations. Dix variations sur le désir, les secrets, les brûlures légères du temps qui passe. 

 Les corps se prélassent sur les dalles brûlantes de La Piscine, se consument sous le soleil vénéneux de Plein soleil ou dérivent dans la torpeur adolescente de Bonjour tristesse. Le désir éclate comme une pêche trop mûre dans Call Me by Your Name, se nuance de tendresse estivale chez Rohmer dans Conte d’été, ou se cherche encore dans l’énergie spontanée d’À l’abordage, de Guillaume Brac. À l’écart des cartes postales, l’été prend aussi la forme d’une fugue intime dans L’été de Giacomo, d’une dérive burlesque avec Voyages en Italie de Sophie Letourneur, d’une errance sensuelle et existentielle dans Eva en août ou d’une ivresse colorée chez Woody Allen avec Vicky Cristina Barcelona. Dix films qui nous rappellent l’été n’est jamais innocent : il se consume, il fuit, il éclate.

La Piscine (1969), de Jacques Deray

Dans une villa cossue de la Côte d’Azur, un couple bourgeois voit sa quiétude perturbée par l’arrivée d’un ami et de sa fille. Ce huis clos en plein air, porté par les corps d’Alain Delon et Romy Schneider, explore les tensions latentes et les non-dits. La piscine devient le miroir d’une passion qui se fige, puis se brise.

Plein Soleil (1960), de René Clément

Tom Ripley, envoyé en Europe pour ramener Philippe Greenleaf, se glisse dans la peau du jeune homme insouciant. Sous un soleil écrasant, le film déploie une tension croissante, où le désir de possession se transforme en meurtre. Alain Delon incarne une froideur calculatrice, reflet d’une époque où le crime devient art.

Bonjour Tristesse (2024), de Durga Chew-Bose

Cécile passe l’été sur la Riviera avec son père et sa compagne, jusqu’à ce que l’arrivée d’Anne bouleverse l’équilibre familial. La chronique estivale devient le théâtre des manipulations adolescentes et des blessures émotionnelles. Chew-Bose capte avec subtilité la mélancolie et la cruauté de l’adolescence décrites par Sagan.

Call Me by Your Name (2017), de Luca Guadagnino

En 1983, Elio, 17 ans, vit un été italien marqué par la rencontre avec Oliver, un étudiant américain. Le film dépeint avec sensualité et mélancolie la naissance d’un amour éphémère mais intense. La chaleur de l’Italie, les silences et les regards complices composent une symphonie du désir et de la perte.

Conte d’été (1996), d’Éric Rohmer

Gaspard, étudiant en mathématiques, attend Léna à Dinard. En son absence, il rencontre deux autres jeunes femmes, chacune éveillant en lui des sentiments contradictoires. Rohmer, fidèle à son style, explore les hésitations amoureuses avec une légèreté apparente, mais une profondeur sous-jacente.

À l’abordage (2020), de Guillaume Brac

Félix rencontre Alma un soir d’été à Paris, mais elle part en vacances le lendemain. Il décide de la rejoindre sans prévenir, entraînant son ami Chérif dans un voyage où les rencontres fortuites et les non-dits tracent les contours de liens inattendus. Guillaume Brac filme avec légèreté la fragilité des désirs et la grâce des rencontres.

L’Été de Giacomo (2012), d’Alessandro Comodin

Quatre jours en Sicile deviennent le laboratoire d’un couple, entre lassitude, disputes triviales et réconciliations. Letourneur enregistre avec minutie les micro-gestes et les dissonances, transformant le banal en matière cinématographique. Le voyage, plus qu’une échappée, devient une radiographie ironique de la conjugalité contemporaine.

Eva en août (2020), de Jonás Trueba

Eva, trente-trois ans, traverse l’été madrilène dans une maison prêtée, confrontée à ses incertitudes professionnelles et sentimentales. Trueba capte sa dérive avec une délicatesse flottante, transformant le temps de l’été en matière cinématographique et Madrid en territoire de désœuvrement où les figures se cherchent. Le film devient alors l’observation sensible d’une errance intérieure, à la fois légère et mélancolique.

Vicky Cristina Barcelona (2008), de Woody Allen

Vicky Cristina Barcelona déploie, sous le soleil espagnol, les passions contradictoires de ses personnages. Allen mêle légèreté et mélancolie dans une exploration des désirs et de la jalousie. La Catalogne devient miroir des états d’âme, où séduction et trouble se confondent.

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